Vers la Yourte
Songe d'été.
En moi vibre, parfois lointaine et sourde, cette petite musique.
Comme une voix venue de l'enfance qui me demande quand je me remettrai en chemin.
Je suis fatiguée de la pierre. Fatiguée de la poussière.
Je vois un chien, un bouquet de fougères, de longues courses dans la forêt.
Une cueillette, le chant d'un oiseau forestier, un sentier à peine dessiné.
L'odeur du bois brûlé, de la viande grillée.
J'entends les tambours doux, peau tendue, parfums de sérénité.
Je redécouvre parfois celle que je suis tout au fond de l'âme. Je me tiens au bord de moi-même le plus souvent, à l'intérieur il fait sombre parfois. Comme dans une maison de pierre.
Pelouses bien rangées, arbustes taillés, rosiers sans épines.
On me dit souvent que j'ai le coeur indien. Les mots disent "tu ressembles". Mais c'est toujours ce que le coeur est que les autres voient sur nos visages.
Mon coeur nomade, mon coeur tribu.
Les hommes sans cesse se déplacent. Ils ne sont pas si heureux dans leurs boîtes décorées, pas si heureux de ne pas bouger.
Les murs doivent vibrer, le sol n'être que mousse ou sable, ou herbe. Le plafond est le ciel, l'âme n'est heureuse que sous son immensité. Le vent doit jouer de la musique dans nos cheveux même quand nous sommes "dedans".
J'ai besoin de murs en peau, en toile, besoin de sentir la terre sous mon dos, rêver aux étoiles.
Je ne sais pas si je marcherai assez fort vers la yourte. Vers le tippi.
Mais j'en rêve, tellement.
Source image: http://yourtes-angers.com/